Notre Dame en burn out

La flèche de Notre Dame en feu Photo @Geoffroy Van Der Hasselt – AFP

Ce lundi là…15 avril 2019… Il y a de des dates comme ça on s’en souvient, comme le 11 septembre ou le 13 novembre…

Cette fois-ci, le coeur de la cité s’est enflammé, Notre Dame s’en va en fumée ! Onde de choc et de tristesse devant ce brasier que rien ne semble vouloir arrêter.

Etrange coïncidence je ne peux m’empêcher de penser… à quelques jours des fêtes de Pâques pour les Chrétiens, qui célèbrent la mort du Christ et sa résurrection…A l’aube des chemins de croix…A l’heure aussi où les langues se délient (enfin) pour vomir des « horreurs » perpétrées en silence au sein de cette communauté depuis tant d’années.

Peut-ton parler de synchronicité ?

A l’heure où les burn out se multiplient, où (une partie) de notre humanité crie au danger, où notre Terre semble saturée de notre inhumanité… Notre Dame, notre immuable, s’enflamme. Elle qui semblait rimer avec éternité vient de mettre au monde sa fragilité. Notre Dame est en « Burn out ». Elle aussi. En d’autres termes elle vous invite Messieurs et Mesdames à aller faire vos prières sur d’autres terres. Celles laissées en jachère. Il n’y aura point d’enfants de coeurs ni de choeurs cette année pour venir habiter le coeur de la cité, déchiré par tant d’années d’ignobilité. Continuer la lecture de Notre Dame en burn out

Dans les coulisses de l’entreprise #1

Dans les coulisses de l’entreprise, l’artiste est à l’œuvre, habillée à la mode « axcime ».

Comment atteindre la « cime », C’est à dire le meilleur de soi-même, sans perdre de vue son « axe », c’est à dire cette colonne vertébrale qui nous permet de continuer à marcher sans perdre pied. Seul(e) et ensemble.

C’est une histoire de couture.

Et pourtant je n’y connais rien en couture ! Ou presque. Je me souviens de quelques cours, jeune fille, chez Marie France, cela a duré le temps d’une jupe droite bleu marine…qui rimait avec austérité. J’ai laissé tomber !

Si ce n’est quand même que je me retrouve à faire de mon métier …. un métier de couture. Un métier de haute couture même…avec une matière sans doute moins docile et malléable que les tissus, enfin il me semble, le vivant ! Et pas n’importe lequel, peut être même le pire, l’être humain.

Avec comme fil…l’invisible. Continuer la lecture de Dans les coulisses de l’entreprise #1

Conversation avec les morts

Déjà petite fille je voulais voir les morts. Ceux de ma famille qui mourraient. Avant de les enterrer. Par curiosité ?

Le premier fut un arrière grand -père. Je garde une image de lui, morte. Finalement la même que lorsqu’il était vivant !

Bien des années plus tard l’une de mes grand-mère est morte. Je revois encore mes filles âgées de 6,6 et 4 ans se précipiter dans sa chambre, pour l’observer de près, morte, scruter son visage, toucher son corps froid, curieuse de découvrir pour la première fois à quoi peut bien ressembler un mort. Lui déposer un baiser d’adieu. Et repartir tout aussi gaiement à leurs jeux.

J’étais très triste. Elles me ramenaient à la vie. De cette grand-mère, grâce à laquelle j’avais découvert et appris à aimer la mort. Notamment dans les cimetières, lieux de promenades qui nous animaient.

J’aime passer du temps avec les morts. Ceux que je connais bien entendu ! Ceux qui sont encore là et plus là. En chair et en os devant moi. Prendre le temps de leur dire un dernier aurevoir. Grâce à ce temps je comprends, j’intègre, au moins mentalement, que c’est fini. Dernier corps à corps. Glacial celui-là. Continuer la lecture de Conversation avec les morts

Quand la mort l’emporte

Sans crier gare sans dire aurevoir, elle est partie. Elle a quitté la vie elle a choisi la mort et pourtant … Elle avait des amis, elle était maman, elle était jeune, belle, rayonnante, elle aimait la vie. Et pourtant… la veille de la rentrée elle a choisi de nous planter.

Sans crier gare sans dire aurevoir elle a choisi la mort.

De celle qui tue, là, sans détours et sans retour… et qui nous laisse avec notre tristesse et notre colère…de ne pas avoir su entendre le râle de la plainte qui peu à peu étouffe, de ne pas avoir vu venir le venin de la mort peu à peu l’envahir… au point de l’emporter.

La veille de la rentrée elle s’est suicidée. Avec son franc-parler auquel nous étions habitués, cette fois-ci elle a dit « fuck » à la vie, ses ennuis, ses ennemis, ses soucis. Après avoir tant hurlé, c’est en silence avec un bras d’honneur qu’elle s’en est allée pour s’abîmer. Pour la vie.

Alors qu’elle nous donnait à voir sa lumière…c’est la nuit qui peu à peu l’emportait… éprouvée dans des combats qui l’ont menée vers le trépas. Mais nous, on la croyait, on la voyait forte et pleine  de vie ! Et pourtant…peu à peu elle s’enfonçait dans les ténèbres d’une mort assurée qu’elle a fini de choisir par épouser, à défaut de réussir parmi nous à exister.

Alors elle nous ramène elle nous rappelle les limites de notre humanité, la fragilité de nos âmes  souvent blessées qui ont besoin d’être aimées entourées choyées. De ces âmes que l’on croit fortes que l’on voit lumineuses, et pourtant ….Cela ne dure qu’un temps. Derrière la lumière rayonnante se cache souvent l’ombre menaçante. Celle qui fait peur et que l’on préfère taire. Car elle fait braire !

Que ta lumière continue à briller en nos cœurs endeuillés. Et que ta mort nous rappelle combien en nous, nous avons à nourrir le bon le beau le bien et la lumière. Pour éviter de donner à la mort le loisir de nous envahir au gré des tempêtes de nos vies …. Tapis dans l’ombre tu nous montres une fois encore qu’elle sait retentir sans prévenir. À nous de veiller pour rester animés.

Que ta lumière continue à éclairer nos vies … Que ta lumière continue à éclairer nos nuits.

 « Si j’ai occupé dans ta vie une place lumineuse, le sens de l’aventure est désormais de la remplir toi-même : sois ce qu’en moi tu as aimé, garde vivant ce que nous avons frôlé ensemble de plus haut ». Auteur inconnu.
Photo FesesiFeneni

L’envol de l’enfant

L'envol de l'enfantC’est la rentrée des classes, la reprise du travail, le démarrage des études, la continuité pour d’autres…bref pour beaucoup d’entre nous, petits et grands, un nouveau départ…

Et la voilà partie. Comme peut-être certains de vos enfants sont déjà partis ou en train de partir… Mais dans mon poulailler c’est la première fois que l’une prend son envol…une poule en moins sur trois…Et un coeur de maman poule qui pleure. Oui cela faisait une année qu’elle préparait son envol, que je l’accompagnais , que nous nous préparions. Que dis-je, 18 ans ! Que je l’accompagnais, activement ! Car très tôt (peut-être même trop tôt ?) autonomie et responsabilité ont pris sens dans leur vie…Ce que peut-être un jour elles me reprocheront d’ailleurs, d’avoir trop vite voulu les faire grandir… Continuer la lecture de L’envol de l’enfant

Adieu

Très vite, trop vite tu nous as quittés.

Au fin fond de la France, dans un coin paumé, tu nous as appelés, une dernière fois, à venir te saluer avant de t’en aller de l’autre côté. Un époux, un père, un grand-père, un ami, un frère, un oncle, un beau-frère…Je sentais que tu m’attendais à tes côtés…au milieu de tes bien aimés…une famille nombreuse dispersée et tant aimée.

Je te remercie de nous avoir ainsi conviés à laisser de côté nos activités, pour autour de toi, nous rassembler…et participer à ta dernière épopée. Pendant ces quelques 24 heures où nous avons pu te célébrer, te remercier. A l’image de ce que tu as toujours été, tu nous as, une fois de plus, invités à trinquer, chanter et aussi pleurer. Ton sens de l’accueil, ton ouverture, qui permettaient à chacun de se sentir aimé…Tu nous as appris ainsi à partager, profiter et fêter !

Et c’est avec beaucoup de convivialité et de dignité que nous avons pu nous embrasser et nous consoler pour un moment suspendu dans l’éternité.

Merci pour tant de générosité, et de la pièce d’à côté, viens nous réconforter.

L’Inattendu

Inattendu_leonor_agritt_christele_perrot "Sur la berge je t'ai cherché, les mains grandes ouvertes j'avais des ampoules pour m'éclairer, je t'ai cherché dans les arbres, dans les bayous du coin, dans les granges, dans les bars, dans la chambre, je t'ai cherché dans la Bible, j'ai regardé ce qu'avait fichu le Christ après avoir marché sur les eaux des fois que lui et toi…rien, que dalle, pas retrouvé mon petit chou mon tigre mon salaud tu t'es sauvé, pour un Sauveur c'est du propre, va te faire foutre". Fabrice Melquiot

Sur le deuil.

J'ai aimé, je me suis sentie happée.

Seule sur la scène, Eleonor Agritt m'a emmenée, transportée dans son voyage du deuil. Touchée à la fois par sa puissance, sa force ; sa douceur et sa fragilité.

Je sentais dans cette petite salle des Déchargeurs, comme un corps à corps avec elle dans cette traversée douloureuse, et néanmoins pleine d'espérance.  Un ton si juste, Fabrice et Eleonor se sont sans nul doute choisis.

Pour un moment d'intimité, d'émotions…pour vibrer et voyager au coeur de soi-même.

Merci Fabrice pour ces mots du coeur. Merci Eleonor pour toi et ce que tu nous donnes de toi.

 A voir… L'Inattendu – Théâtre des Déchargeurs -

3 rue des Déchargeurs – 75001 Paris – métro Châtelet.

Le chagrin

LeChagrin_christele_perrot Le chagrin.

Tapi au fond, tout au fond, il était là. Enfoui, profondément enfoui et enfermé derrière une porte blindée.

Car oui, il dérangeait, il ne pouvait se partager et personne n’avait envie d’en entendre parler.

De temps en temps ébranlé, mais jamais suffisamment pour enfin émerger, déborder.

Puis comme foudroyé, la porte fut fracassée et tel un volcan trop longtemps endormi, il s’est engouffré pour pouvoir déferler.

Alors comme un râle venu du plus profond de l’abîme, de violents sanglots trop longtemps étouffés, refoulés, se sont déchainés pour l’innonder, la submerger.

Soif d’exister, d’être écouté, dorloté…Ce chagrin qu’elle ne savait point nommer… Ce chagrin qui lave, putifie, régénère et qui n’en finit plus s’il n’est point exprimé.

A ce chagrin trop souvent oublié, renié. A tous ceux qui se sentent noyés, submergés, je dédie ce billet et ces quelques lignes qui m’ont permis de le nommer tandis que j’étais bouleversée :

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Des Hommes et des Dieux

Des_Hommes_et_des_Dieux_Christele_Perrot Des Hommes et des Dieux. Près de 3 millions d'entrées pour ce film ! Waouh !

N'est-ce pas la manifestation d'une quête et/ou d'une soif pour autre chose, autrement ?

J'ai été très touchée par ce film, ce témoignage remarquable, ce très bel hommage rendu à ces moines, à ces hommes. Il fait écho à la réflexion dont je vous parlais dans le billet concernant le livre d'Henry Quinson qui se trouve être aussi le conseiller monastique de ce film.

Il résonne chez moi à plusieurs niveaux :

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Le livre tibétain de la vie et de la mort

Le livre tibetain de la vie et de la mort_christele_perrot J'ai traversé cette année avec comme livre de chevet "le livre tibétain de la vie et de la mort" de Sogyal Rinpoché.

Comme une Bible…A lire, relire..méditer….

Difficile de vous faire un résumé, voir impossible…j'y ai trouvé des mots pour traduire mon vécu, mes ressentis…pour m'accompagner dans une traversée vers une autre rive…une source d'apaisement, de réflexion, de méditation…

Et c'est ce passage que j'ai envie de vous inviter à méditer aujourd'hui :

"Bien qu'on nous ait encouragés à croire que nous perdrions tout si nous ouvrions la main, la vie, en de multiples occasions, nous démontre le contraire.

Le lâcher prise est, en effet, le chemin de la vraie liberté. Lorsque les vagues se jettent à l'assaut du rivage, les rochers n'en sont pas endommagés. Au contraire, l'érosion les modèle en formes harmonieuses. Les changements, de même, peuvent façonner notre caractère et arrondir ce qu'il y a en nous d'anguleux.

Essuyer les tempêtes du changement nous permettra d'acquérir un calme plein de douceur, mais inébranlable. Notre confiance en nous grandira et deviendra si forte que bonté et compassion commenceront naturellement à rayonner de nous pour apporter la joie aux autres. C'est cette bonté fondamentale existant en chacun de nous qui survivra à la mort.

Notre vie entière est à la fois un enseignement qui nous permet de découvrir cette puissante bonté, et un entrainement visant à la réaliser en nous-mêmes." Sogyal Rinpoché