Au bal masqué

@flofloneton Instagram 2020

Ce matin je ne réussis pas à regarder la beauté du monde.
Quand je suis arrivée hier à la Gare de Lyon après plus de 4 heures avec un masque sur le nez, j’ai senti la migraine pointer … J’étouffais ! Alors j’ai inspiré à plein poumons, sur ces quais je me suis démasquée, le temps de retrouver un nouveau souffle, cette fois-ci pollué.

J’ai marché, marché, marché vite, vers le métro, dans le métro … et je les ai à peine regardés, tous ces visages masqués. Un bal masqué qui me donne la nausée. Non je n’ai pas envie de les regarder, pas de cette façon là, ils me donnent envie de fuir, de m’enfuir, loin très loin. Ma liberté masquée, non je ne veux pas m’habituer ! Une mascarade.

De temps en temps je croise un visage découvert, très rarement. Et il me fait du bien. Il m’aide à mieux respirer.

J’ai respiré. Pour retrouver le calme. Et me voilà apaisée. Même si ce matin je pleure. Je pleure un monde qui ne sera plus. Je pleure devant tant de vies mal-traitées. Je pleure de me retrouver dans cet environnement qui me semble se vider de son humanité.

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Mourir d’un baiser d’amour

 

Je préfère mourir d’un baiser d’amour que de mourir dans le froid.
Mes anciens s’éloignent et ne se laissent plus approcher….
Cela me rend profondément triste.
De rajouter ainsi de la distance à nos vies déjà si éloignées.

Demain je serai peut-être morte, eux aussi, privée de leurs baisers, de leur tendresse, dans les derniers jours, mois de ma vie. Car nul besoin d’attendre plus de 75 ans pour laisser à la mort le loisir de s’annoncer.

La mort rôde et s’invite, sans prévenir et sans crier gare, elle est juste la vie, et nul ne saurait la contrôler, la décider, l’organiser, la museler. Continuer la lecture de Mourir d’un baiser d’amour

Un demi-siècle !

J’ai 50 ans. 50 années. Qu’est-ce au regard de l’humanité ? Rien. Et beaucoup. Puisque c’est de la somme de ces 50 années que l’histoire de l’humanité est constituée. Sans toutes ces petites histoires qui sont nos grandes histoires de vies, l’humanité n’existerait pas. J’en fais partie. Honorée. 50 années qui appartiennent au passé au présent et au futur car c’est à partir de ces 50 années que je vais continuer à tisser le fil de ma vie et de mes prochaines 50 années. 100 ans c’est un bel âge pour mourir non ?! En ai-je vraiment envie ?

Ecrire écrire écrire cela me prend tout à coup comme une envie souterraine qui remonte…Ecrire écrire écrire. Comme une urgence intérieure. Un besoin de dire. Au monde. Que le monde ne tourne pas rond. Et si je me taisais après tout. Si je continuais à vivre ma vie, silencieuse…C’est assez tranquille d’être silencieux. Eux me disent de continuer à écrire. Je leur fais du bien. Et alors ? Après tout qu’est-ce que j’en ai à faire de leur faire du bien. C’est tellement plus tranquille de ne rien dire. D’être silencieuse. Dès que j’ouvre la bouche il y en a toujours un pour juger argumenter négocier…Silencieuse, je peux faire parler les autres. Ecrire, parler ?! J’ai beaucoup parlé ces derniers temps. Et sur scène en plus. Pour le moment j’ai envie de me taire ; De disparaitre dans ma grotte. Comme la marmotte. Mais n’est-ce pas l’hiver ? L’automne m’a déshabillée de quelques présomptions, l’hiver m’amène à méditer…en silence. Habiter la mort. En apparence.

Fini les objectifs. D’ailleurs je parle d’écrire un livre. J’écris oui mais, est-ce que ce sera un livre ? Je ne sais pas. Est-ce mon égo qui aimerait que ce soit un livre ? Ecrire un livre c’est bien pour l’ego non ?! Cela fait partie des belles réalisations d’une vie non ? J’en ai déjà écrit un. L’ego il aime bien les performances en tout genre. Et le mien, il a eu sa dose, non ? Entre marathon et courses en tout genre, création d’entreprise, burn out (c’est à la mode, ça fait bien aujourd’hui, pas quand on est dedans mais quand on réussit à en faire une renaissance) spectacle, théâtre, festival d’Avignon, tout ça c’est très bon pour l’égo. Alors quelle est la part qui nourrit l’égo et quelle est la part qui est l’accomplissement, la mise au monde de ce « Je suis » ? Je ne sais plus moi je suis perdue ! Continuer la lecture de Un demi-siècle !

Bulletin météo #2

Lundi 9 septembre. Je suis restée ici, je ne me suis pas enfuie. Mais je ne vais pas non plus m’habituer ni m’adapter comme certains et certaines me le préconisent, c’est terminé…Cette adaptation ! Et je ne vais pas m’enfuir. C’est ici que je vis. Que j’ai choisi de vivre aujourd’hui. La tempête qui m’habitait s’est calmée, sénénité est de retour !

J’ai remplacé mes amis les arbres par mes compagnons de route, humains, clients et amis. Que cela fait du bien de vous retrouver. Dans un face à face. Nous embrasser, nous regarder, nous sourire, nous écouter, nous raconter… Energisant ! J’ai aussi retrouvé l’eau en allant chaque matin marcher le long des quais, où j’ai pu admirer la beauté de ce Paris, de ses pierres éclairées par un soleil éclatant, de la Seine scintillante de mille feux. Lumineux ! J’ai même rencontré quelques mésanges sautillantes, les canards toujours fidèles et…les mouettes auxquelles j’ai plutôt envie de crier « vos gueules, vos gueules, les mouettes, Cessez de brailler dans l’écume, Pressez moi plutôt de vos plumes…Vos cris me cassent la tête ! « (J.Roubard) Lorsqu’à l’aube elles me réveillent, je m’imagine alors au port…Pour un nouveau départ. Aujourd’hui.

Oui j’ai cherché dans chaque coin et recoin la Nature. Celle qui me permet de continuer à vivre au coeur de la ville sans me laisser embraser par son rythme et sa frénésie. Beauté ! Grâce à laquelle je me sens reliée au plus profond de mon être. Celle qui m’habite. Et me rappelle combien je suis infiniment petite, infiniment rien à l’échelle de cette planète et pour tant…

Ces arbres, grâce auxquels j’ai découvert ma puissance et mon enracinement. Cette terre, grâce à laquelle je tiens debout, intérieure, chaque jour je me dois de continuer à la cultiver pour éviter de laisser les mauvaises herbes pousser. Défricher, arroser, nettoyer, planter… pour de nouveaux fruits, de nouveaux arbres. Restaurer ! M’arrimer dans ce qu’elle m’offre à vivre. Seule et avec vous, au coeur de la cité, dans un corps à corps.

Grâce & gratitude.

Notre Dame en burn out

La flèche de Notre Dame en feu Photo @Geoffroy Van Der Hasselt – AFP

Ce lundi là…15 avril 2019… Il y a de des dates comme ça on s’en souvient, comme le 11 septembre ou le 13 novembre…

Cette fois-ci, le coeur de la cité s’est enflammé, Notre Dame s’en va en fumée ! Onde de choc et de tristesse devant ce brasier que rien ne semble vouloir arrêter.

Etrange coïncidence je ne peux m’empêcher de penser… à quelques jours des fêtes de Pâques pour les Chrétiens, qui célèbrent la mort du Christ et sa résurrection…A l’aube des chemins de croix…A l’heure aussi où les langues se délient (enfin) pour vomir des « horreurs » perpétrées en silence au sein de cette communauté depuis tant d’années.

Peut-ton parler de synchronicité ?

A l’heure où les burn out se multiplient, où (une partie) de notre humanité crie au danger, où notre Terre semble saturée de notre inhumanité… Notre Dame, notre immuable, s’enflamme. Elle qui semblait rimer avec éternité vient de mettre au monde sa fragilité. Notre Dame est en « Burn out ». Elle aussi. En d’autres termes elle vous invite Messieurs et Mesdames à aller faire vos prières sur d’autres terres. Celles laissées en jachère. Il n’y aura point d’enfants de coeurs ni de choeurs cette année pour venir habiter le coeur de la cité, déchiré par tant d’années d’ignobilité. Continuer la lecture de Notre Dame en burn out

Jour de la lune

Aujourd’hui c’est le jour de la lune « Lunae dies », lundi. Et un lundi très particulier d’ailleurs pour la lune. Regardez comme elle est sublime ! Et pourtant je n’ai pas réussi à aller l’admirer en ce jour d’éclipse lunaire totale, je n’arrive pas à me lever…comme tous les lundis, ou presque.

Le réveil indique 9h40. Allez, debout ! Depuis 7h15 je vagabonde dans mes pensées, depuis que son réveil a sonné. Celui de mon chéri qui depuis belle lurette est parti travailler, lui ! Je l’ai entendu se doucher se raser mais j’ai mis ma tête sous l’oreiller. J’ai continué à dormir sans dormir. Juste un sursaut pour l’embrasser avant qu’il ne parte. Et hop, me voilà à nouveau sous ma couette. Mélange de pensées entre celle qui voudrait bien me culpabiliser à rester ainsi somnoler. J’aime me laisser aller à rêver, la tête dans la lune. « Quand même quoi, C’est lundi ! Alors ô boulot ! » Sommes-nous vraiment fait pour travailler ? Continuer la lecture de Jour de la lune

Conversation avec les morts

Déjà petite fille je voulais voir les morts. Ceux de ma famille qui mourraient. Avant de les enterrer. Par curiosité ?

Le premier fut un arrière grand -père. Je garde une image de lui, morte. Finalement la même que lorsqu’il était vivant !

Bien des années plus tard l’une de mes grand-mère est morte. Je revois encore mes filles âgées de 6,6 et 4 ans se précipiter dans sa chambre, pour l’observer de près, morte, scruter son visage, toucher son corps froid, curieuse de découvrir pour la première fois à quoi peut bien ressembler un mort. Lui déposer un baiser d’adieu. Et repartir tout aussi gaiement à leurs jeux.

J’étais très triste. Elles me ramenaient à la vie. De cette grand-mère, grâce à laquelle j’avais découvert et appris à aimer la mort. Notamment dans les cimetières, lieux de promenades qui nous animaient.

J’aime passer du temps avec les morts. Ceux que je connais bien entendu ! Ceux qui sont encore là et plus là. En chair et en os devant moi. Prendre le temps de leur dire un dernier aurevoir. Grâce à ce temps je comprends, j’intègre, au moins mentalement, que c’est fini. Dernier corps à corps. Glacial celui-là. Continuer la lecture de Conversation avec les morts

Se mettre au monde #3

Je suis fille de…

C’est ainsi que démarre cette soirée. Je me sens alors profondément reliée à ma lignée et à ces hommes et ces femmes qui tour à tour énoncent : « Je suis fils de… Je suis fille de… » Profondément reliée à l’Humanité.

Nous sommes les filles et les fils de…Première mise au monde, mise à nue…Arrachement, dans un cri… de douleur… le premier… cri ! Celui d’une mort. Celui d’une naissance.

Ils nous ont donné la vie. Ils nous ont transmis la Vie. Qu’en avons-nous fait ? De cette matière que nous sommes : Etre Vivant.

N’est-il pas désormais de notre ressort de trouver ou re-trouver en chacun de nous ce qu’il y a de minéral, de végétal, d’animal ? Se laisser inspirer par la Nature et ses cycles vie-mort-vie. Pour trouver sa nature. Lente et indicible métamorphose, invisible, ce lien avec soi, avec l’Autre, qui nous révèle dans ce qu’il y a en nous d’ombre et de lumière. Traverser la mort pour re-naître grâce au tuteur qui vient aider à re-muer. Trouver dans l’infiniment petit, l’infiniment grand et se sentir lié et re-lié. Pour se mettre en scène avec légèreté grâce au souffle de la Vie, qui donne du fruit.

Ainsi, découvrir sa singularité, au coeur de la diversité. Es-s’aimer.. Continuer la lecture de Se mettre au monde #3

Quand la mort l’emporte

Sans crier gare sans dire aurevoir, elle est partie. Elle a quitté la vie elle a choisi la mort et pourtant … Elle avait des amis, elle était maman, elle était jeune, belle, rayonnante, elle aimait la vie. Et pourtant… la veille de la rentrée elle a choisi de nous planter.

Sans crier gare sans dire aurevoir elle a choisi la mort.

De celle qui tue, là, sans détours et sans retour… et qui nous laisse avec notre tristesse et notre colère…de ne pas avoir su entendre le râle de la plainte qui peu à peu étouffe, de ne pas avoir vu venir le venin de la mort peu à peu l’envahir… au point de l’emporter.

La veille de la rentrée elle s’est suicidée. Avec son franc-parler auquel nous étions habitués, cette fois-ci elle a dit « fuck » à la vie, ses ennuis, ses ennemis, ses soucis. Après avoir tant hurlé, c’est en silence avec un bras d’honneur qu’elle s’en est allée pour s’abîmer. Pour la vie.

Alors qu’elle nous donnait à voir sa lumière…c’est la nuit qui peu à peu l’emportait… éprouvée dans des combats qui l’ont menée vers le trépas. Mais nous, on la croyait, on la voyait forte et pleine  de vie ! Et pourtant…peu à peu elle s’enfonçait dans les ténèbres d’une mort assurée qu’elle a fini de choisir par épouser, à défaut de réussir parmi nous à exister.

Alors elle nous ramène elle nous rappelle les limites de notre humanité, la fragilité de nos âmes  souvent blessées qui ont besoin d’être aimées entourées choyées. De ces âmes que l’on croit fortes que l’on voit lumineuses, et pourtant ….Cela ne dure qu’un temps. Derrière la lumière rayonnante se cache souvent l’ombre menaçante. Celle qui fait peur et que l’on préfère taire. Car elle fait braire !

Que ta lumière continue à briller en nos cœurs endeuillés. Et que ta mort nous rappelle combien en nous, nous avons à nourrir le bon le beau le bien et la lumière. Pour éviter de donner à la mort le loisir de nous envahir au gré des tempêtes de nos vies …. Tapis dans l’ombre tu nous montres une fois encore qu’elle sait retentir sans prévenir. À nous de veiller pour rester animés.

Que ta lumière continue à éclairer nos vies … Que ta lumière continue à éclairer nos nuits.

 « Si j’ai occupé dans ta vie une place lumineuse, le sens de l’aventure est désormais de la remplir toi-même : sois ce qu’en moi tu as aimé, garde vivant ce que nous avons frôlé ensemble de plus haut ». Auteur inconnu.
Photo FesesiFeneni

Faire le ménage

Ce week-end c’est décidé, je fais le grand ménage !

J’ai eu le malheur, en allant embrasser mes filles un soir, de regarder sous les lits. Et mon Dieu, qu’elle ne fut pas ma surprise de découvrir des vieilles culottes toutes déglinguées, des chaussettes trouées toutes décolorées…et des moutons de poussières confortablement installés dans chaque recoin. Quelle horreur ! J’ai pris peur, et après une opération poubelle déclarée de toute urgence, j’ai décidé que j’allais persévérer !

Des piles de ça de là, à classer. Des vieilleries, à jeter. Des poubelles, à sortir. Trop de choses encombrent ma maison. Elle est propre, oui, comme ça en apparence, de loin et sans lunettes, mais dans le fond, si je commence à y regarder de près, je me sens asphyxiée ! Avec le besoin d’aller dénicher quelques toiles d’araignées, de la cave au grenier, dans chaque pièce, pour enfin me sentir allégée !

Car, oui, j’ai oublié de préciser, que je n’ai plus de femme de ménage. Certes cela me permet de mettre cet argent ailleurs mais ce n’est pas la vraie raison. Un jour ma femme de ménage est tombée malade alors j’ai pris le relais. Au départ pour quelques temps. Et puis les mois sont passés et elle n’est jamais revenue…Et moi, j’ai commencé à apprécier. Oui oui c’est possible, alors que cela me semblait impossible ! Continuer la lecture de Faire le ménage