Le chagrin

LeChagrin_christele_perrot Le chagrin.

Tapi au fond, tout au fond, il était là. Enfoui, profondément enfoui et enfermé derrière une porte blindée.

Car oui, il dérangeait, il ne pouvait se partager et personne n’avait envie d’en entendre parler.

De temps en temps ébranlé, mais jamais suffisamment pour enfin émerger, déborder.

Puis comme foudroyé, la porte fut fracassée et tel un volcan trop longtemps endormi, il s’est engouffré pour pouvoir déferler.

Alors comme un râle venu du plus profond de l’abîme, de violents sanglots trop longtemps étouffés, refoulés, se sont déchainés pour l’innonder, la submerger.

Soif d’exister, d’être écouté, dorloté…Ce chagrin qu’elle ne savait point nommer… Ce chagrin qui lave, putifie, régénère et qui n’en finit plus s’il n’est point exprimé.

A ce chagrin trop souvent oublié, renié. A tous ceux qui se sentent noyés, submergés, je dédie ce billet et ces quelques lignes qui m’ont permis de le nommer tandis que j’étais bouleversée :

« Le chagrin est une blessure qui demande de l’attention pour guérir. Afin d’aller jusqu’au bout de notre chagrin et de l’épuiser, nous devons affronter nos émotions dans un esprit d’ouverture et d’honnêteté, les exprimer, les libérer totalement et les accepter, quel que soit le temps que prendra notre blessure pour guérir. Nous craignons que le chagrin ne nous submerge si nous le reconnaissons. La vérité est que le chagrin dont on fait l’expérience se dissipe. Un chagrin non exprimé est un chagrin qui dure indéfiniment. »Judy Tatelbaum

« Mais trop souvent, et de façon tragique, les amis et la famille de la personne s’attendent à ce que celle-ci « revienne à la normale » après quelques mois. Cela ne fait qu’augmenter sa confusion et son isolement car son chagrin persiste, et parfois même, s’intensifie. »

Extrait du « Livre tibétain de la Vie et de la Mort », Sogyal Rinpoché.

Quelle place donnez-vous à votre chagrin ?

 


2 réflexions au sujet de “Le chagrin”

  1. Christèle, je trouve ce post magnifiquement écrit et je voulais te le dire.
    J’en suis d’autant plus touchée que pour ma part, j’ai beaucoup de difficultés à faire sortir mon chagrin.
    Je l’enferme, je le tapis au fond de moi, au fond de mon corps et parfois il est si lourd, qu’il ressort malgré moi. Mes yeux ne pleurent pas ? Et bien mon corps se met à pleurer…
    Pour ma part, j’ai fini l’année 2010 à Essaouira. Toute seule en thalassothérapie. Une façon d’atteindre l’autre rive, pour reprendre tes mots et aussi de me faire du bien, à moi, de me faire de la place.
    Et l’année 2011 a magnifiquement commencé à mes yeux car au matin, en me réveillant, dans ma chambre à l’ombre des bougainvillés, dans la douceur du ciel bleu du Maroc et bien j’ai pleuré…
    Larmes de tristesse, larmes de deuil d’une année, de deux années difficiles, larmes de soulagement aussi.
    Et j’ai été heureuse que mon chagrin sorte, s’évacue, me soulage.
    Ce n’est pas facile de faire de la place à son chagrin. J’ai beau essayer de me reconnecter à mes émotions, j’ai du mal à le laisser affleurer à la surface de mon être. Et pourtant, je n’ai pas envie de recommencer l’expérience à le tapir au fond de moi pour qu’il s’enkyste.
    Comment avancer sur cette route ?

  2. Chère Pauline, je te remercie infiniment pour tes mots.
    Ces larmes de début d’année…un joli cadeau…
    Comme si tu avais eu besoin de partir loin des regards pour t’autoriser enfin à laisser ta fragilité, ta vulnérabilité s’exprimer. C’est seulement « à l’ombre des bougainvillés » seule et loin, que ce chagrin a pu enfin être reconnu de toi…Alors comment t’autoriser dans ton quotidien, à laisser couler ces larmes auprès des tiens et où que ce soit ?
    Cela me rappelle un jour de printemps où j’avais rendez-vous pour un déjeuner avec une partenaire. Je venais de recevoir un coup de téléphone qui m’avait fait beaucoup de peine. Je crois qu’en d’autre temps j’aurais annulé le déjeuner ou j’aurais réussi à la jouer « même pas mal » !
    Mais là, déjà fragilisée par l’épreuve que je traversais, j’ai commencé à pleurer, pleurer de beaucoup de pleurs enfouis…dans le train… sur le trajet…et puis j’ai continué sans pouvoir m’arrêter…au restaurant et pendant une bonne partie du déjeuner, devant une femme auprès de qui je n’aurai jamais osé pleurer avant…j’ai lâcher prise et j’ai accepté de pleurer (2h je crois !)…Ce sont surtout les autres qui étaient embarrassés…me demandant de quoi j’avais besoin…je répondais que j’avais besoin de kleenex et de pleurer ;)…Je suis repartie épuisée et soulagée…et ma relation avec cette partenaire a basculé.
    Pour la première fois je lui montrais ma fragilité et j’ai senti son regard sur moi changer. Je devenais alors, comme elle, une femme avec mon humanité et ma vulnérabilité.
    Chère Pauline, comme une carapace qui commence à se fissurer…comment écouter ton coeur quand il pleure et t’autoriser à le laisser pleurer ?

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