Un demi-siècle !

J’ai 50 ans. 50 années. Qu’est-ce au regard de l’humanité ? Rien. Et beaucoup. Puisque c’est de la somme de ces 50 années que l’histoire de l’humanité est constituée. Sans toutes ces petites histoires qui sont nos grandes histoires de vies, l’humanité n’existerait pas. J’en fais partie. Honorée. 50 années qui appartiennent au passé au présent et au futur car c’est à partir de ces 50 années que je vais continuer à tisser le fil de ma vie et de mes prochaines 50 années. 100 ans c’est un bel âge pour mourir non ?! En ai-je vraiment envie ?

Ecrire écrire écrire cela me prend tout à coup comme une envie souterraine qui remonte…Ecrire écrire écrire. Comme une urgence intérieure. Un besoin de dire. Au monde. Que le monde ne tourne pas rond. Et si je me taisais après tout. Si je continuais à vivre ma vie, silencieuse…C’est assez tranquille d’être silencieux. Eux me disent de continuer à écrire. Je leur fais du bien. Et alors ? Après tout qu’est-ce que j’en ai à faire de leur faire du bien. C’est tellement plus tranquille de ne rien dire. D’être silencieuse. Dès que j’ouvre la bouche il y en a toujours un pour juger argumenter négocier…Silencieuse, je peux faire parler les autres. Ecrire, parler ?! J’ai beaucoup parlé ces derniers temps. Et sur scène en plus. Pour le moment j’ai envie de me taire ; De disparaitre dans ma grotte. Comme la marmotte. Mais n’est-ce pas l’hiver ? L’automne m’a déshabillée de quelques présomptions, l’hiver m’amène à méditer…en silence. Habiter la mort. En apparence.

Fini les objectifs. D’ailleurs je parle d’écrire un livre. J’écris oui mais, est-ce que ce sera un livre ? Je ne sais pas. Est-ce mon égo qui aimerait que ce soit un livre ? Ecrire un livre c’est bien pour l’ego non ?! Cela fait partie des belles réalisations d’une vie non ? J’en ai déjà écrit un. L’ego il aime bien les performances en tout genre. Et le mien, il a eu sa dose, non ? Entre marathon et courses en tout genre, création d’entreprise, burn out (c’est à la mode, ça fait bien aujourd’hui, pas quand on est dedans mais quand on réussit à en faire une renaissance) spectacle, théâtre, festival d’Avignon, tout ça c’est très bon pour l’égo. Alors quelle est la part qui nourrit l’égo et quelle est la part qui est l’accomplissement, la mise au monde de ce « Je suis » ? Je ne sais plus moi je suis perdue ! Continuer la lecture de Un demi-siècle !

Bulletin météo

Lundi 2 septembre. Une rentrée compliquée. Violentée. Après deux mois pieds nus dehors avec les arbres et le chant des cigales, le ciel l’eau la terre la lune et les étoiles me voilà de retour dans une boîte à chaussure entourée de la ville du béton des buildings. Encastrée. Je ne trouve plus la lune. Je ne distingue plus les étoiles tant la ville brille de tous ses feux. Hachée. Et le bruit des voitures et autres engins à remplacé le chant des cigales. Et tous ces gens les arbres. Polluée.
Ma tête est farcie, en elle quelque part ne cesse de cogner à droite à gauche, nul répit… Hurler !
Bousculée dans le métro… La sonnerie des portes retentit les portes claquent…Ça sent la pisse. Agressée envahie. Là mais pas là. Où suis-je ou vais-je ? Là j’habite ? Déboussolée. De passage… Prochaine station je descends. Prochaine station je m’enfuis.

L’artiste, en coulisse #1

De l’autre côté de la scène il y a les coulisses. De l’autre côté de la lumière il y a l’ombre…

Ce matin là, après trois mois d’infusion, je me mets à mon bureau … Pour écrire. Par où je commence ? Par le début…

Mars 2017, deux mois après le TEDx Alsace.
Je lance en l’air, l’air de rien : « Je vais faire un spectacle, je pourrai fêter mes 50 ans à l’Olympia ! » Rires. Haha ! Elle est bonne celle-là non ?!

« C’est pour rire mon chéri ». Mais lui me répond « Elle est géniale ton idée ! »
« Oui on verra dans quelques années… ! » Aussi vite dit aussi vite enterrée. Mais elle… ne m’a pas oubliée.

Et quelques semaines plus tard, journée avec des Conférenciers Professionnels, Marie-Claude me présente Mehdi, Théâtre Apollo. « Christèle, je te vois bien jouer là bas. Mehdi je te présente Christèle. Je vous laisse … »

« Mais qu’est ce qu’elle raconte ? Je ne lui ai rien dit ! Comment sait-elle ? » La surprise fait place au sourire …. à la Vie… à ce que j’appelle les clins d’œil de la Vie.

Mai 2017. Visite de l’Apollo Théâtre. Je choisis une salle. La plus grande. Plus de 300 personnes. Celle dans laquelle je me sens le mieux !

En sortant du théâtre, j’entends en moi « mais t’es folle ! »

Septembre 2017. Je viens de passer trois mois en mode « infusion ». Avec Rainer Maria Rilke « Lettres à un jeune poète» que je mâche sans relâche… Trois mois de rumination intérieure. Quelque chose se trame, un travail intérieur subtil. Je me sens telle une vache ! Quelque chose en moi qui fait des ronds et des ronds, des spirales et qui prend de la place… beaucoup de place… Alors qu’à l’extérieur il n’en n’est rien. Je ne fais rien, ou presque. Si, je rumine. Ou plutôt ça rumine en moi et je suis très occupée par cette rumination…Une véritable gestation.

La fin de l’été est là.
Le théâtre me propose de jouer. En novembre. Novembre ? Mon ventre se contracte d’un coup d’un seul. Novembre ? Pas possible ?! Je ne serai jamais prête !
Ce sera mars et le 16 mars. Ouf ! Je me sens mieux.
Allez au boulot ! Continuer la lecture de L’artiste, en coulisse #1

Réinventer sa relation au travail

Suite « Retour du temps sabbatique »

31 décembre 2013. Fin de mon année sabbatique. Plus précisément, fin d’une année où le travail ne faisait plus partie de mon quotidien. Et demain j’y retourne. Enfin après-demain parce que demain c’est férié. Je n’ai plus de clients, ou plus exactement il m’en reste un seul. Plus de bureau. La seule chose que je sais c’est que je veux continuer à développer axcime. Comment ? Je n’en sais rien, mais différemment c’est certain.

Axcime a 8 ans. Les 7 premières années je les ai consacrées à me former, à apprendre mon métier et me professionnaliser grâce à une activité essentiellement tournée vers la formation pour cadres dirigeants au sein de grands groupes, sur des sujets variés comme le management, la communication, le développement personnel, la vente et la négociation. Et principalement en sous-traitance d’un cabinet de conseil. Axcime existe encore assez peu en direct face aux clients. Mais à la fin de ces 7 années, je sais que la suite sera autrement. En attendant je ressens un profond besoin de faire un stop. Pour une année destinée à « être » avec moi et ceux que j’aime. Voilà qui est fait, et maintenant j’ai besoin et j’ai aussi envie d’y retourner même si au fond de moi, j’ai peur !!! Continuer la lecture de Réinventer sa relation au travail

Penser notre animalité

« Hommage à Voltaire ! »

Ce sont les philosophes Grecs et surtout Aristote qui a défini l’homme comme « un animal pensant ». Pour le différencier de l’animal. Et sans doute avons-nous vite oublié « animal » pour nous concentrer sur « pensant ». C’est ainsi qu’aujourd’hui, j’ai à coeur de rendre hommage  à Voltaire, celui qui a été pour moi le premier « maître » à me conduire vers ma nature « animale ». Du latin « anima » (Souffle, âme). De ce qui m’anime, me met en vie. 

Pendant plusieurs années j’ai résisté à une demande familiale, avoir un chien. Quelle idée ! J’avais déjà 3 enfants, c’était bien assez non ?! Et puis voilà qu’en changeant de vie professionnelle, de la banque aux relations humaines… J’ai lâché… et Voltaire est arrivé l’année du V ! Un magnifique Golden Retriever aussitôt aimé, à peine nos regards se sont-ils croisés. Et pourtant, pendant de nombreuses années, je n’y voyais que les contraintes, des crottes à ramasser, des gardes à organiser, des dépenses de nourriture et de vétérinaire, des poils partout et des pattes sales à nettoyer…et pour au moins 15 ans ! Bref, ce n’était pas pour moi. D’autant plus que je portais un regard plutôt critique sur les maîtres gâteux de leurs animaux, dont je ne comprenais pas comment ils pouvaient nourrir des sentiments aussi forts à l’égard de leurs bêtes, qui n’étaient pour moi que bêtes ! Et dont je ne supportais pas non plus de marcher sur des trottoirs salis par leurs excréments non ramassés par des maîtres que je jugeais alors tout aussi bêtes que leurs bêtes ! Le chien n’avait pas sa place en ville, le chien n’avait pas de place dans mon foyer, même si à l’époque j’avais un jardin. Et je préférais satisfaire la demande d’animal de mes enfants par des poissons rouges…qui mourraient régulièrement, et dont il était assez facile de se débarrasser en tirant la chasse d’eau ! Continuer la lecture de Penser notre animalité

Maman poule démissionne

Roule ma pouleJ’ai commencé l’année dans mon lit. Non, je n’étais pas malade, je n’avais pas la grippe…pas encore. J’étais juste « épuisée ». Je le disais depuis quelques temps mais personne ne me croyait, forcément, j’avais toujours le sourire et je continuais à satisfaire les demandes de mon entourage, alors ce n’était pas crédible.

Mais ce matin là, après des vacances qui ne furent pas des vacances, parce que je n’ai pas respecté mon besoin d’intimité et de repos, je suis restée couchée. Un jour, deux jours…une semaine… Effectivement, le seul endroit où personne ne peut venir me chercher, c’est sous ma couette. Là, au moins, je suis tranquille. Enfin presque. Car cela n’empêche toujours pas mes poules de 19 et 16 ans de me demander « Maman, on mange quoi ce soir ? Il n’y a rien dans le frigo ! »… Me voir au lit et en pyjama ne les a pas du tout inquiétées tant elles sont juste concentrées sur…elles-mêmes !

Evidemment, je n’étais pas très fière de moi, la professionnelle de l’équi-vieS… au lit ! Vous imaginez ! Continuer la lecture de Maman poule démissionne

Eloge de la none tantrique

J’ai sept ans. Je suis en cours de gymnastique avec comme exercice du jour : grimper en haut d’une corde lisse. C’est bien difficile pour la petite fille que je suis. Jsex&sixty - éloge de la none tantriquee suis nulle en la matière et ce n’est vraiment pas mon truc. Je me revois, tant bien que mal, m’agripper et me hisser, pour atteindre ce sommet, lorsque je sens tout à coup dans mon bas ventre une douce chaleur qui m’envahit jusqu’à l’avènement d’une jouissance extrême.

Mais que m’arrive-t-il ? Comment je vais redescendre de là ? J’ai si peur d’être démasquée par mes petits camarades ou par la maîtresse, accrochée à cette corde ! Vous imaginez bien qu’à compter de ce jour, les cours de gymnastique et mes montées de corde prirent une autre dimension, et c’est en dansant que je m’y rendais !

Ainsi, c’est bien jeune que j’ai eu la chance de découvrir le désir/le plaisir au creux de ma chair, plaisir que j’ai su accueillir et qui ne devait plus me quitter… avec malgré tout, pendant un certain nombre d’années, une culpabilité nourrie et entretenue par les protagonistes de la religion catholique qui se chargeaient de mon éducation sexuelle sur le mode « ma fille tu seras vierge à ton mariage  » ! Continuer la lecture de Eloge de la none tantrique

Ange et démon

ange-et-demonC’est vendredi. Je me sens heureuse, amoureuse et c’est le coeur en fête que je m’en vais travailler.

Je ne sais pas ce qu’il en est pour vous, mais d’habitude je ne suis pas très gâtée par le facteur. Mises à part des factures, je ne reçois rien d’autre ou presque, et désormais, si j’ouvre la boîte aux lettres une fois par semaine, quand je n’oublie pas, c’est bien le grand maximum. Mais ce matin là, il me fait un joli cadeau, le facteur. Tandis que je marche direction mon bureau, par une grisaille qui annonce l’automne, il arrête sa camionnette jaune à côté de moi :

« – Bonjour, vous avez de très jolies bottes…et en plus vous êtes ravissante. Je vous souhaite une bonne journée !

–  Bonjour, merci, c’est gentil !

– Et ?…Vous avez un mari ?

– Non, je n’ai pas de mari, j’ai un chéri.

– Et bien il a de la chance ! Bonne journée ! » Continuer la lecture de Ange et démon

Mise à jour de l’image de Soi

Christele-Perrot
2014
2009_Christele perrot
2009

 » Quelle métamorphose ! Tu t’es coincée les doigts dans une prise électrique ?! Tu es partie élever des chèvres dans la montagne ?! » et aussi « rayonnante, flamboyante, lumineuse ! »

Comme m’a dit un jour mon coiffeur « nos changements de coiffure parlent du mouvement de la vie en nous » et cela m’a plu. Du coup je l’ai gardé ce coiffeur ! Car il a su m’aider à accueillir et à aimer mes boucles qui sont les miennes, un désir qui était là tandis que depuis des années je tirais dessus, redoutant la pluie et l’humidité qui venait perturber un brushing bien lissé.

La rousse la brune la bouclée la lissée…Souplesse, flou, coloré, uni, structure, ordre…Nos cheveux parlent aussi de nos différents visages, de nos paradoxes qui font qu’en nous tout et son contraire co-habitent et qu’à partir du moment où nous sommes prêts à nous accueillir dans nos contradictions et nos opposés,  nous devenons des êtres mutants en devenir constant et simplement vivants !

Rupture brutale pour ceux qui n’ont pas vu les étapes intermédiaires….car cette évolution qui parait une révolution s’écrit jour après jour depuis des années. Je ne me retrouve plus et je me retrouve quand même, et surtout, j’éprouve un profond besoin, à l’heure de cette nouvelle mise au monde professionnelle de mettre à jour mon image en cohérence avec celle que je suis devenue aujourd’hui. Continuer la lecture de Mise à jour de l’image de Soi

La femme voilée

Avec force et volonté, il a érigé de ses bras musclés les mûrs de son palais. Dressés tel des remparts, rien n’est laissé au hasard. Rien ne peut pénétrer ou filtrer. Tout est bien pensé, cloisonné, verrouillé, et parfois même, fermé à clé.

Seul l’appel à la prière transporté par les vents peut traverser. C’est ainsi seulement que de l’intérieur elle peut se relier.

Ce labyrinthe elle a su l’apprivoiser pour mieux l’habiter. Un jardin au centre de cette tour carrée, elle a planté. Semer, bêcher, désherber, arroser, telle est sa destinée. Prendre soin de sa terre. Celle sur laquelle elle est enracinée. Celle qu’elle a pour mission de faire fructifier.

Elle sait aussi rire et pleurer. Danser et chanter. Cuisiner. Laver. Trier et jeter. Embrasser et caresser. Aimer. Méditer et prier.

Nulle fenêtre pour regarder, pour s’éparpiller ou se disperser. C’est uniquement vers son foyer qu’elle a le regard tourné pour ainsi entretenir la flamme de ce cœur qui ne demande qu’à être aimé.

C’est ici qu’elle va cultiver son jardin intérieur. Et c’est seulement voilée qu’elle a le droit de s’en aller pour chercher des denrées. De quoi nourrir et alimenter son bien-aimé. Continuer la lecture de La femme voilée