
Ce matin je ne réussis pas à regarder la beauté du monde.
Quand je suis arrivée hier à la Gare de Lyon après plus de 4 heures avec un masque sur le nez, j’ai senti la migraine pointer … J’étouffais ! Alors j’ai inspiré à plein poumons, sur ces quais je me suis démasquée, le temps de retrouver un nouveau souffle, cette fois-ci pollué.
J’ai marché, marché, marché vite, vers le métro, dans le métro … et je les ai à peine regardés, tous ces visages masqués. Un bal masqué qui me donne la nausée. Non je n’ai pas envie de les regarder, pas de cette façon là, ils me donnent envie de fuir, de m’enfuir, loin très loin. Ma liberté masquée, non je ne veux pas m’habituer ! Une mascarade.
De temps en temps je croise un visage découvert, très rarement. Et il me fait du bien. Il m’aide à mieux respirer.
J’ai respiré. Pour retrouver le calme. Et me voilà apaisée. Même si ce matin je pleure. Je pleure un monde qui ne sera plus. Je pleure devant tant de vies mal-traitées. Je pleure de me retrouver dans cet environnement qui me semble se vider de son humanité.
Peut être ne suis-je plus en capacité de vivre au cœur de la ville ? De cette ville. J’ai besoin d’air d’espace de ciel d’étoiles d’arbres de vert. J’ai besoin de respirer. De sentir le souffle du vent me caresser le visage. J’ai besoin de voir vos bouches et de les entendre me raconter la vie. Même quand je ne vous connais pas. Même dans le silence de nos croisements de route. J’ai besoin de me sentir reliée à vous. Ici je me sens coupée, de vous, de tout.
Derrière les masques je vois ce monde dont je ne veux plus. Paris, dont je n’arrive plus à voir ta beauté.
M’accrocher à chaque jour et à ce que j’ai à faire. Je ne crois pas que c’est en dénonçant un certain monde d’aujourd’hui que je vais réussir à participer à ce que je ne veux plus. C’est plutôt en apportant ce que j’ai envie d’y voir. Réussir à participer à ce monde d’aujourd’hui en transformation. Qu’est ce que j’ai envie d’y voir dans ce monde ? C’est par là que je vais commencer.
Paris, aide moi à retrouver le chemin de ta beauté, même masquée.