Avec force et volonté, il a érigé de ses bras musclés les mûrs de son palais. Dressés tel des remparts, rien n’est laissé au hasard. Rien ne peut pénétrer ou filtrer. Tout est bien pensé, cloisonné, verrouillé, et parfois même, fermé à clé.
Seul l’appel à la prière transporté par les vents peut traverser. C’est ainsi seulement que de l’intérieur elle peut se relier.
Ce labyrinthe elle a su l’apprivoiser pour mieux l’habiter. Un jardin au centre de cette tour carrée, elle a planté. Semer, bêcher, désherber, arroser, telle est sa destinée. Prendre soin de sa terre. Celle sur laquelle elle est enracinée. Celle qu’elle a pour mission de faire fructifier.
Elle sait aussi rire et pleurer. Danser et chanter. Cuisiner. Laver. Trier et jeter. Embrasser et caresser. Aimer. Méditer et prier.
Nulle fenêtre pour regarder, pour s’éparpiller ou se disperser. C’est uniquement vers son foyer qu’elle a le regard tourné pour ainsi entretenir la flamme de ce cœur qui ne demande qu’à être aimé.
C’est ici qu’elle va cultiver son jardin intérieur. Et c’est seulement voilée qu’elle a le droit de s’en aller pour chercher des denrées. De quoi nourrir et alimenter son bien-aimé. Continuer la lecture de La femme voilée