Ce matin en arrivant au bureau, après douze jours de vacances, je sens que c’est difficile…de changer de rythme et de m’y remettre. Et pourtant je suis mon propre patron, j’aime ce que je fais et je choisis mes clients, le paradis non ?
Mais là n’est pas la question.
Regardez d’où je viens ! Je serais bien restée dans ce paradis là, allongée sur ma chaise longue, à l’ombre des palmiers ! Et en même temps je suis aussi très contente d’être rentrée.
Ce difficile, c’est comme tout à coup un enfermement que je ressens…Dans un cadre qui se matérialise tant sur le plan physique en me retrouvant Paris 8ème dans mon bureau, que sur le plan des activités « choses à faire »… Rupture avec ce que je viens de vivre en pleine nature parfois même sauvage…. Alors par où je commence ? Faire une liste ? Je n’en ai vraiment pas envie.
Je choisis alors de me laisser guider par ce qui me ferait plaisir, là, juste maintenant… écrire, vous écrire, car je me dis que peut-être vous aussi, après ces vacances de printemps pour certains et certaines, vous vivez un peu du même difficile que moi…
Et ce sont ces rencontres et ces échanges qui me reviennent ….
Ce déjeuner où elle m’a raconté combien c’était dur pour elle, en rentrant de vacances, de se retrouver dans un environnement où ils lèvent à peine le nez de leur ordinateur pour dire bonjour le matin. Après des vacances qui rimaient avec amitié, authenticité, simplicité, sincérité…Cette humanité qu’elle a visiblement du mal à retrouver dans son travail…
Pour la première fois, il a pris quatre semaines de vacances cette année, c’était vraiment super bien me dit-il mais il n’est pas certain de recommencer l’expérience, car la reprise est trop difficile…Quant à lui, l’ami, il me confie avoir découvert que les vacances c’est s’autoriser à « ne rien faire »…
Comme si ces parenthèses enchantées n’étaient que parenthèses, pour certains et n’avaient pas droit de cité, au coeur de la cité justement. Comme si il y avait d’un coté les vacances et de l’autre le travail. Qui continue de rimer pour certains aussi, pour beaucoup trop je trouve, avec labeur, fatigue, contraintes, obligations, distance, masque, agir, résultats, objectifs, rentabilité, argent, costume…et vite, très vite ! Comme si il fallait choisir l’un ou l’autre. Que c’était soit l’un soit l’autre.
Alors je me rappelle le retour de mon année sabbatique et combien cela a été très compliqué pour moi de retourner dans ce monde du travail. Vous vous rappelez mon année sabbatique ? Cette année 2013 que je me suis offerte, rien que pour moi. Et certainement à l’image de certaines de vos vacances, mais pour toute une année ! Tout en restant, par contre, dans un quotidien « normal » hormis le travail et la sphère professionnelle.
Pour prendre le temps pour ceux que j’aime et que je n’avais plus le temps de voir. Pour prendre le temps de ne rien faire ou plutôt faire « rien » ou autre chose autrement et respecter mon rythme en me levant et en me couchant aux heures qui étaient les miennes. Sans contraintes extérieures. Pour reprendre flûte traversière, sculpture…Pour contempler, regarder l’herbe pousser…avoir un agenda de pages blanches à remplir ou ne pas remplir. Choisir chacun de mes jours et partager des moments uniquement avec ceux et celles que j’avais envie de voir…
Une année qui a rimé avec sérénité, bien être, plaisir, authenticité, amour, partage, disponibilité, instant présent, convivialité… avec mes états d’âmes et mes humeurs aussi. Une année principalement dédiée à « l’être ». L’être avec moi-même et avec les autres.
Et quand je vis le difficile de ce matin, et que je repense à ces échanges avec certains d’entre vous… Je revis, je repense à cette rentrée, ce retour de mon année sabbatique qui m’a demandé des mois pour réussir à y retourner ! Car c’était tout à coup comme si tout ce que j’avais vécu pendant une année n’avait plus le droit d’exister, que je devais rompre le rythme que j’avais eu, arrêter mes activités non lucratives, car je ne pouvais pas tout gérer et cumuler…Bref, un choc…Difficile…comme une amputation…alors que je venais de m’offrir le plus beau cadeau de ma vie.
J’ai tenu une petite année sur le même mode que précédemment, dans ma façon de travailler, ou presque, menant un combat intérieur déchirant entre celle qui voulait continuer à prendre le temps de vivre à son rythme et s’écouter, vivre l’instant présent, et celle qui avait besoin de gagner de l’argent, de retrouver le sens et le goût de son travail, sans se conformer non plus à un monde du travail dans lequel je ne me reconnaissais plus du tout…
Pour comprendre enfin, que je faisais fausse route, que je pouvais y retourner sans abimer ou mettre de côté ce que j’avais vécu pendant cette année, mais en l’intégrant. Ce qui voulait dire, travailler « autrement ». En commençant par repenser et « réinventer ma relation au travail ».
A suivre « Réinventer sa relation au travail »
Photo : christeleperrot – Saly