Suite de « maman poule démissionne »…
Aujourd’hui c’est la fin du poulailler. Je vous l’avais annoncé et ça y est maman poule déménage ! Sans ses poules ! Enfin presque…
Ma dernière de 17 ans est bien partie en pension, comme elle l’avait demandé. « La providence » a su l’accueillir et je me sens désormais libérée puisque cette école a pris le relais pour poser le cadre bienveillant dont elle avait besoin pour se mettre au travail. Ce que je ne réussissais pas à faire, plus à faire. Ce changement s’avère être un succès, puisque ma petite poule termine l’année première de classe ! Ce n’était pas du tout un objectif pour moi, pour elle oui. Je suis très fière d’elle. De son courage, de sa volonté et de sa détermination à faire de ce choix difficile une réussite…Car malgré tout, les semaines sont dures et le dimanche soir c’est cafard !
Simultanément j’ai aidé l’une de mes ainées à arrêter une première année d’études… dans laquelle visiblement elle n’était pas à sa place. Je la voyais dépérir dans un environnement qui l’encourageait à persévérer car « les premières années d’études c’est toujours difficile » lui disait-on et elle n’allait pas perdre une année ! Et bien non, je ne suis pas du même avis. Bien vivre c’est maintenant tout de suite, et je refuse la souffrance au travail qui est pour moi l’expression de besoins fondamentaux non respectés. Je l’ai aidé à se respecter… à faire de cette année une expérience positive pour construire la suite autrement. Résultat, elle s’est envolée aux Etats Unis pour apprendre l’anglais et expérimenter « l’étranger ». Quant à sa soeur jumelle, elle reste une étudiante heureuse, à l’étranger aussi. Ouf !
Voilà. Une page se tourne. Qui nous amène ensemble à inventer de nouvelles façons de nous rencontrer pour mieux nous aimer… même si elles gardent les clés et un lieu d’accueil dans mon, notre nouvel appartement…A consommer avec modération ! 😉
Suite de « maman poule démissionne » vous avez été nombreuses à m’écrire pour témoigner aussi du poids que vous portez dans vos plumes.
Et parallèlement, l’une de mes amies, maman célibataire de quatre enfants, à temps plein ou presque depuis plusieurs années, annonçait à ses enfants qu’elle partait s’installer dans un studio…sans eux. La seule façon pour elle de dire « stop » alors que depuis déjà quelques temps elle cherchait à l’exprimer au papa qui ne pouvait pas, ne voulait pas entendre ni comprendre. Maintenant il sait, ils sont arrivés avec leurs valises…
Je connaissais l’usure que peut générer le travail, j’ai fait l’expérience et découvert « l’usure » et les limites de la maman. De celle qui porte tout. Définit en 1984 par la sociologue Monique Haicault comme la « charge mentale » dont l’express vient de publier un article « Penser à tout ? Elles en ont ras le bol ! » lu par plus de 2,3 millions d’internautes…et dont la dessinatrice Emma a réalisé une bande dessinée qui remporte un grand succès « Fallait demander ! » (175 000 amis sur Facebook !).
Le succès remporté par ces prises de paroles est à mon sens le symptôme d’un mal à être pour les femmes…comme pour les hommes d’ailleurs. Lié à cette mutation que nous sommes en train de vivre vers un nouvel équilibre à inventer pour chacun et chacune. Le fruit de notre histoire judéo-chrétienne. Il est effectivement important de nous rappeler d’où nous venons pour comprendre aujourd’hui. C’est seulement depuis quelques dizaines d’années que les femmes investissent davantage la sphère professionnelle et les hommes la sphère familiale, et que nous avons désormais à conjuguer nos vies plurielles. Avec comme évènement marquant la prise en compte de cette révolution : la loi de 2013 qui crée le congé paternité de 11 jours. Et qui de ce fait reconnait l’homme en tant que père aussi dans un rôle à investir à la maison. Cette évolution se traduit aussi par l’augmentation significative du nombre de divorces avec garde alternée (doublé en 10 ans).
Nous parlons de « charge mentale » pour les femmes. On pourrait même dire de surcharge. Mais femmes et hommes, ensemble, nous sommes responsables. Nous, les femmes, nous avons à apprendre à laisser la place aux hommes à la maison, avec bienveillance, même si ils font différemment de ce que nous aimerions qu’ils fassent ! Les laisser apprendre à habiter leur rôle de père. Au delà des 11 jours du congé paternité ! Dont la durée me semble encore trop courte et trop déséquilibrée, par rapport au congé maternité, pour leur laisser le temps de créer ce lien de la paternité avec le nouveau né. Et apprendre à être père aux côtés de la mère, qui de part sa nature, commence à vivre l’expérience de la maternité dès le début de sa grossesse, et dont elle garde ce lien bien incarné par le cordon ombilical, dont elle a tant de mal à se couper ! Alors à nos hommes de nous y aider !
Laisser les hommes habiter le foyer (pour ceux qui n’ont pas déserté) c’est ainsi permettre aux femmes d’habiter mieux leur vie de femme et leur vie professionnelle en apportant aux hommes et au monde professionnel des valeurs féminines (qui concerne « l’être ») dont notre monde a bien besoin tant il reste encore gouverné par un principe masculin pré-dominant (celui de l’agir, du faire, de la rentabilité et de la performance sous toutes ses formes).
Mais, nous avons aussi nous les mères, à laisser la place à nos enfants. Qui ne soit pas celle de « l’enfant-roi » mais celle qui lui permet de prendre pas à pas ses responsabilités pour s’envoler. Arrêter de les porter. Et de tout porter. C’est à dire leur faire confiance dans leurs capacités à faire des choix qui soient les leurs, qui ne répondent pas forcément à nos attentes, à nos idéaux et à nos croyances devenues obsolètes dans ce nouveau monde. A nous de les aider, en apprenant à devenir de « bonnes mères » pour nous mêmes, c’est à dire en prenant soin de nous, de nos projets personnels et professionnels. Sans eux. Pour les guider vers l’autonomie et l’envie de tricoter « leur » vie et participer ainsi à ré-enchanter notre monde dont ils sauront sans doute mieux que nous en assurer la prospérité.