Rétrospective année sabbatique 2013 – SUITE et FIN.
Pour mes vacances d’été, j’avais le projet de partir en Mongolie pour aller vivre pendant trois semaines une expérience dans une yourte. Sous-jacent à cela il y avait mon désir d’aller à la rencontre de l’autre, d’un peuple différent, d’un monde autrement.
Tandis que je commençais à me renseigner et que je partageais ce projet avec un ami, il me dit : « Tu n’as pas besoin d’aller si loin, pars marcher sur le chemin de St Jacques ». L’idée a fait son chemin, c’est le cas de le dire, et en peu de temps c’était décidé. Finalement, un billet de train pour le Puy en Velais, un petit sac à dos et de bonnes chaussures c’était bien plus simple et moins couteux, une aventure où j’ai choisi de ne rien organiser ni planifier, de me laisser guider au gré des jours et des rencontres.
Certes j’ai rencontré quelques personnes mais là n’a pas été du tout l’essentiel de ce que j’ai retenu. J’ai surtout marché seule avec « la vie » et la mienne. Car oui la vie est relation, elle joue sa partition, faut-il encore être en mesure d’entendre sa voix pour lui donner la possibilité de nous montrer notre voie. Et voici ce que j’ai appelé mes « lois » de la vie, que j’ai écrites en chemin, ce que j’ai expérimenté chaque jour , qui par moment m’a laissé sans voix !
1 – Vivre et prendre ce qui s’offre à moi dès à présent : quand il y a de l’eau et de la nourriture, me ravitailler tout de suite sans remettre à plus tard car je ne sais jamais si plus tard je trouverai de quoi me nourrir et dans combien de km. Oui je suis partie sans pique-nique en pensant le trouver sur ma route un peu plus loin, mais plus loin c’était presque une journée !
2- Si nous connaissions le chemin à l’avance c’est certain que nous n’irions pas. Si j’avais su à l’avance combien j’allais avoir mal aux pieds, combien les ronfleurs et ronfleuses allaient agiter mes nuits, je serai restée chez moi ! Quand je me retourne pour regarder ma vie, si j’avais su il y a quelques années ce qui m’attendait je serai restée couchée !
3 – Attention au poids du sac. Si je suis trop chargée, si le sac est lourd, il m’est difficile de marcher, de monter, de descendre, de négocier les virages. Idem dans ma vie si je suis « encombrée » matériellement et dans mes relations, il m’est difficile de changer de cap, parfois même d’avancer tout simplement.
4 – Les carrefours. A chaque carrefour j’ai intérêt à prendre le temps de regarder les signes qui sont sur les arbres pour éviter de me perdre et parfois ce n’est pas évident du tout. La vie me donne des signes (des rencontres, des évènements) pour m’inviter à prendre le chemin qui est « juste » pour moi. Encore faut-il que je sois en mesure de m’arrêter au carrefour et de prendre le temps de voir les signes pour discerner.
5- Je suis en perpétuel changement et une expérience renouvelée ne sera jamais vécue de la même manière. Donc cela ne me sert à rien de projeter la façon dont je vais vivre certains évènements dans le futur, je serai « autre » à ce moment là. Je rencontre une allemande, grande marcheuse, qui pour la première fois de sa vie a des ampoules aux pieds, ce qui pour elle était impensable car elle n’en avait jamais eu, elles est restée coincée trois jours dans le gîte.
6 – Le chemin m’apporte ce dont j’ai besoin quand j’en ai besoin, il est généreux si je lui laisse la possibilité de l’être ! Je voulais m’acheter un bâton et je me demandais si vraiment cela me serait utile, je m’endors un jour contre un rocher pour une petite sieste, je me réveille avec un bâton posé près de ce rocher…à ma taille ! Je sais que certains d’entre vous vont rire, moi j’ai souri et j’ai dit merci !
7 – La confiance n’exclut pas le contrôle. Je marche en suivant et en parlant avec ces femmes hollandaises, et je leur fait confiance car elles semblent savoir où elles vont. Résultat je me perds avec elles, à trop parler nous n’avons pas vu les « signes » sur les arbres. J’ai du marcher 5km de plus ce jour là !
8 – Le chemin c’est comme la vie, je suis seule sans être jamais seule. Il y a toujours du monde devant derrière et à côté.
Oui je savais tout cela. Mais l’expérimenter à nouveau chaque jour m’a fait du bien comme pour enraciner encore en moi quelques lois fondamentales pour m’aider à marcher sans perdre pied dans ma vie, dans notre monde dont la préférence est à la course plutôt qu’à la marche !
Figurez- vous qu’en chemin, dans l’Aubrac je me suis retrouvée face à une… yourte ! Dans laquelle j’ai passé la nuit. Et j’ai dit… merci la Vie !
Alors oui je n’avais pas besoin d’aller en Mongolie pour rencontrer l’autre, il est chaque jour sous mon nez mais à chercher toujours ailleurs, je ne suis même plus capable de le voir et de le rencontrer, pour me laisser toucher et émerveiller.
Merci, Christèle ….. merci.
Ça me ferait plaisir de te voir lors d’un de mes passages parisiens 😉
Je t’embrasse
Merci Christèle! Compostelle est un projet que je nourris depuis un moment (même si Compostelle, pour moi, c’est l’ailleurs;-)). J’espère réaliser ce rêve l’an prochain et ton texte est sûrement un signe. Ma mère est en chemin en ce moment-même ;-). J’ai eu plaisir à lire tes propos toujours pleins de sagesse. A bientôt !
Merci Christèle pour ce partage d’expérience Très enrichissant À bientôt Isabelle
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@Pauline, Vanessa, Hortense merci pour vos messages
A bientôt et bonne route !
Bravo! soooo proud of you. Take care.
Temoignage interessant. Moi aussi (aussi diplomee du master Affaires internationales de Dauphine), j’ai fait le Chemin, mais en 2001 a 20 ans. Et biensur, le Chemin a modele la femme que je suis devenue.
Merci Christèle pour cette jolie leçon de vie. A bientôt…
Jolie aventure humaine… porteuse de sens et d’espérance !