Je n'imaginais pas, en écrivant "Douleur", dédier ainsi un espace à Florence, et continuer à la faire vivre…autrement… et c'est bon… C'est sans doute le billet sur lequel j'ai reçu le plus de messages et je vous remercie de m'accompagner sur ce chemin.
Il y a déjà plus de 6 mois que Florence est morte. Et ma douleur est différente, plus douce.
Florence m'inspire et je la remercie souvent car, depuis son départ, j'ai fait des rencontres, j'ai été amenée à réfléchir encore davantage sur le deuil et plus particulièrement le travail du deuil. J'ai pris le temps de rester en contact avec cette partie de moi, ma douleur, pour l'écouter, l'observer…
Parce que le deuil fait partie de la vie et de la vie des entreprises. Parce qu'il est frappé d'un tabou dans l'entreprise, parce qu'il nous confronte à la
perte, à l'échec, à quelque chose que l'on ne maitrise pas, j'ai envie de continuer à vous faire partager ma réflexion et mon cheminement notamment dans le domaine du coaching qui est le mien.
Dans mon billet "Douleur", je parlais de la courbe de Elizabeth Kübler-Ross très connue pour ses travaux sur le deuil. Plus récemment dans le cadre de ma formation à l'approche systémique, Jacques Antoine Malarewicz nous a fait part de sa façon de traiter ce type de demande. Car effectivement, comme il le souligne, la demande de coaching, peut-être également une demande implicite de travail sur le deuil. Je trouve son approche pertinente et intéressante pour accompagner mes clients et j'ai envie de vous la faire partager.
Le deuil ce n'est pas seulement la mort d'un être. C'est aussi des situations de changement au sein de l'entreprise qui devraient amener les dirigeants, les équipes, à se poser la question du travail du deuil : le départ d'un dirigeant, le rachat, une fusion ou une OPA, un changement d'identité, de nom de l'entreprise ; l'abandon d'un produit important ou d'une division ; la mise en place d'un ou de nouveaux projets sans que le ou les précédents projets n'est fait l'objet d'un processus de deuil.
Dans le cadre de ces différentes situations, il y a alors la nécessité d'un rituel de deuil et donc d'un travail spécifique…. Et pourtant c'est encore loin d'être le cas ; cet hiver j'ai été interrogée pour accompagner des cadres sur le thème du bilan professionnel et d'un accompagnement mobilité car les fonctions en question étaient supprimées. J'ai proposé, avant de démarrer ces accompagnements individuels, de consacrer une journée au travail de deuil avec l'ensemble des cadres concernés…. Cette partie a été tout de suite éludée.
Dans son approche, J.A Malarewicz a formalisé 10 caractéristiques du processus de deuil qui vont, en fonction de la façon dont elles sont appréhendées, faciliter ou freiner ce processus. Elles sont, pour moi, une grille de lecture, un outil de réflexion et de questionnement pour accompagner mes clients, les équipes, les cadres dirigeants dans ce travail.
Les caractéristiques qui vont freiner ce processus sont : beaucoup d'attachement ; une brutalité dans la séparation ; du plaisir à rester dans le deuil (auto-érotisme) ; l'absence d'objet de substitution ; une émotion identique qui peut être caricaturale (rejet total ou idéalisation) ; les non dits, secrets et rumeurs ; aucune communication sur le deuil (peu de "meta") ; beaucoup de culpabilité ; du fatalisme et de la sur-activité (beaucoup de projets).
A l'inverse, peu d'attachement ; la préparation de la séparation ; le désir de sortir de son deuil, de partager sa douleur ; la présence d'un objet de substitution ; des émotions variables ; une liberté de parole et une ouverture ; la communication sur le deuil, l'évènement ; le peu de culpabilité ; la responsabilisation ; des projets, peuvent faciliter le processus.
Et plus concrètement mon rôle de coach, alors, consiste à consacrer un espace pour questionner la personne, l'équipe sur ces différentes dimensions. L'inviter ou les inviter à prendre contact avec leurs émotions, avec ce qui se dit, se vit… avec l'après c'est à dire avec le nouveau ou les nouveaux projets/personnes/équipes.
Prendre le temps de ce passage pour permettre de retrouver et mobiliser ses ressources et s'investir dans l'après… pour retrouver le goût et l'envie de travailler….de Vivre.
Je vous invite aussi à lire aussi "le coaching de la résilience professionnelle" par Pauline Aymard.
Quelle place offrez-vous à ce travail du deuil ?