« Réinventons les diversités » c’est le titre du livre de Patrick Banon, spécialisé en systèmes de pensée et sciences religieuses, chercheur affilié à la Chaire Management&Diversité de l’université Paris-Dauphine, que j’ai eu le plaisir d’accueillir récemment au sein du club de dirigeants apm (association Progrès Management) que j’accompagne.
C’est aussi un sujet qui m’anime et qui est au coeur de mes démarches professionnelles, qui consistent à accompagner les entreprises dans la mise en oeuvre des politiques diversités. Convaincue que c’est dans cette diversité à construire que se trouve la principale source de création de valeur pour l’entreprise d’aujourd’hui et de demain. En d’autres termes, cela consiste à aider les dirigeants et leurs équipes à intégrer la singularité. C’est à dire l’unique, le différent, le autrement. Cette altérité qui vient s’exprimer et se stigmatiser aujourd’hui sur les sujets de la mixité, du handicap, de l’inter-générationnel, du religieux, de l’orientation sexuelle… Mais qui, de mon point de vue, parle en premier lieu de ce qui se joue en chacun de nous dans notre difficulté à accueillir et intégrer « l’autre » en nous dans toutes ses dimensions.
Notre relation au « différent » parle de nous, que ce soit dans notre façon de l’admirer et/ou de le dénigrer. Notre façon d’appréhender, de regarder le handicap visible ou non, la femme ou l’homme…parle de notre relation à nos propres handicaps, de notre relation au principe féminin et au principe masculin… dont nous sommes tous porteurs, hommes et femmes.
Le débat qui se joue dans les entreprises et leurs instances de direction, sur les quotas de femmes et d’hommes trouve ainsi son origine bien plus profondément. Dans un déséquilibre qui concerne la place du principe féminin dans l’univers depuis des millénaires, l’ère du patriarcat. Dont nous sommes en train de vivre à mon sens la fin. Une ère qui a muselé voire renié une part non négligeable de la population : les femmes oui mais aussi tous ceux qui ne rentraient pas dans des critères déterminés pouvant servir des valeurs de « performance », d’une certaine « performance » dont un certain nombre d’indicateurs et d’évènements montrent que nous avons sans doute atteint les limites.
Nous sommes ainsi en train de vivre une période de transition, où des lois visent à rétablir l’égalité pour tous, principe fondateur de notre démocratie. Mais au-delà de ces lois qui posent un cadre et qui sont bien loin d’être suffisantes, nous avons aussi et surtout à travailler sur nous-mêmes pour déconstruire les stéréotypes, changer nos regards et nos représentations du monde. Et ce, afin de construire l’égalité dans la différence, pour moi la définition même de la diversité. Oui nous sommes bien tous égaux dans ce qui fait notre humanité mais différents dans ce qui fait notre singularité.
La mutation du monde actuel, sa révolution industrielle et ce changement de civilisation qu’elle engendre est sans doute l’opportunité pour chacun d’entre nous de nous poser la question de notre propre mutation. Car pour être en mesure d’accueillir et d’intégrer la diversité, ne devons-nous pas en premier lieu être en mesure d’accueillir cette diversité en nous-mêmes, et ce qui fait notre spécificité ? Ce monde intérieur aux multiples visages qui dans notre monde extérieur vient s’incarner dans la personne de couleur noire, le chinois, l’homosexuel et/ou le religieux…Ces parts de nous-mêmes qui nous sont étrangères et que « l’étranger » vient réveiller, pour mieux nous révéler.
Comment faire de « l’autre » avec du « même » ? C’est à dire se ré-inventer…et réinventer ainsi les diversités ! Tel est notre enjeu à chacun et à tous, pour construire le nouveau monde de demain. Pour bien et mieux vivre ensemble. Une responsabilité sociétale individuelle dont nous sommes tous porteurs, à ré-intégrer aussi au coeur de l’entreprise.
Superbe article qui augure d’une belle synergie entre nos actions !