La fée clochette

Mariages princiers, mariages royaux…ils se précipitent pour être aux premières loges. L’audience est au maximum, ils font la une des journaux des semaines avant, pendant et encore après…On ne parle que de la beauté de la robe de la princesse, du baiser…et chacun rivé devant son poste de télévision se prête à rêver, plongé dans ce conte de fée…le temps d’une journée.

Je n’ai pas besoin de suivre cette actualité pour m’imaginer des contes de fée. Car dans ma maison vit une fée. Ma bonne fée. Elle transforme mes filles en princesses, ma voiture cabossée en carrosse, mes emmerdes en opportunités, la lune en soleil, mes pleurs en sourire…avec sa baguette magique.

Et ce soir elle me fait chier !

Parce que je suis triste, parce que j’ai mal et parce que non, la vie n’est pas un conte de fée. Elle est dure, exigeante, tourmentée et les relations humaines sont compliquées. Et puis finalement cela ne se passe jamais comme prévu, c’est toujours autrement, et ma bonne fée, elle est super, mais elle est aussi super chiante avec ses belles histoires et sa façon de toujours, le quotidien, magnifier.

Parce que des histoires moches il y en a aussi, et qui sont vraiment moches et d’ailleurs il n’y a qu’à allumer son poste de radio ou la télévision pour les entendre et s’en abreuver. Mais ma bonne fée, elle est trop forte…car savez-vous ce qu’elle fait ? Elle n’allume la radio que pour écouter de la musique et danser, et dès qu’il s’agit des infos elle zappe et elle ne regarde jamais la télé…jamais et depuis toujours.

Elle vit en dehors du monde, dans la belle histoire qu’elle se raconte, celle de sa vie, comme un conte de fée….En attendant que les autres viennent, la réalité, lui conter.

Alors ce soir, sa baguette magique, j’ai envie de la casser. Je n’en peux plus de ses histoires. J’ai envie qu’elle entende aussi ma plainte monter du plus profond de mes tripes, mes pleurs et le « difficile » qui est le mien et qui est bien réel. Elever seule 3 enfants, aller chercher du boulot pour bouffer, faire tous les jours des dîners à inventer, tous les matins se lever, sortir les poubelles, appeler le plombier pour la chaudière parce que nous prenons des douches froides, faire faire la révision de la voiture et avoir le sentiment de se faire avoir en changeant les plaquettes de freins tous les ans, parce que ma bonne dame vous pouvez pas prendre la route comme ça ! Et je n’y connais rien, alors de loin ils me voient arriver, et je n’ai plus qu’à payer….

Bref, vous connaissez sans doute tout cela par coeur…Et ce soir tout cela me fait vraiment chier ! Et on est bien loin du conte de fée !

Mais je ne vais pas casser ta baguette magique parce que je sais aussi combien tu est géniale et que parfois un conte de fée c’est si chouette et cela me permet de traverser plus en douceur, d’avoir moins mal….de transformer les obstacles en opportunités et de trouver des petits bonheurs dans chaque malheur. Ah te revoilà encore ma bonne fée !! Quelle agilité tu as toujours pour te glisser dans chacune de mes pensées ! Tais toi ! Car ce soir je n’en peux plus de toi et de tes contes !

Non, la vie n’est pas un conte. Elle est vraiment difficile. Et ce soir je pleure ce difficile que j’aimerai parfois tant partagé même si je sais que c’est aussi difficile.

« Ce n’est pas le chemin qui est difficile mais le difficile qui est le chemin ». Sören Kierkegaard (1813-1855), le « père de l’existentialisme »

Et ce soir ça fait vraiment chier et je plonge la tête sous mon oreiller !