Comme un trou béant, une tombée dans un néant…et le besoin alors de le combler voire de l’anticiper pour l’éviter.
Source d’anxiété, de peur ? Je cherche et je m’accroche à tout ce que je peux pour être certaine de bien exister. A la poursuite du faire et de l’action qui viennent alimenter une liste de tâches bien effectuées et ainsi me rassurer.
Cette action sans fin dans cette société où l’on vous demande votre curriculum vitae avant même de vous rencontrer. Un mot d’ordre, une injonction.
Au détour d’un dîner, alors qu’il ne vous connaît pas, la première question qui vient à sa bouche n’est-ce pas « qu’est-ce que vous faites ? » qu’il vous demande, et avez-vous déjà tenté de répondre « rien » ! Alors il se détourne…terrain glissant, malaise, il ne sait pas quoi faire de ce rien entre lui et vous.
J’ai l’intime conviction que lorsque je m’allonge ici et que je m’arrête de faire, alors je suis et je ne fais rien. Bravo j’ entends alors ! Tu ne fais rien, c’est bien ! Ben oui, je sais faire aussi, moi ! Mais non, menteuse ! Il y a tes rêves et tes fantasmes qui se précipitent pour habiter chaque recoin de ta pensée et point de répit te laisser.
Ce terrain sans cesse occupé alors que je croyais pouvoir enfin respirer. A l’extérieur, à l’intérieur, nul place pour ce vide. Ce rien. Et le silence n’y change rien.
Et pourtant, ce vide est ma source d’inspiration. Indispensable il est, pour être à l’écoute de cette petite voix que j’entends au plus profond de moi. Douce, et si tranquille que je me dois de prendre le temps du « rien » pour l’entendre. La laisser progressivement monter du plus profond de mes tripes pour lui laisser la place. La voix de l’âme. Mon GPS intérieur pour suivre ma voie.
Alors tais-toi ! Silence !
Ce vide, une nécessité pour arrêter de me gaver de consommation en tout genre, qu’elles soient d’ordre matériel, intellectuel, ou spirituel. Me laisser ainsi le temps d’avoir faim. D’identifier cette faim et de la nommer pour la nourrir de façon appropriée et mesurée. C’est alors que je peux épouser. Et me sentir ainsi ajustée.
Ce vide en moi, comme une frontière, un espace entre l’intérieur et l’extérieur pour rythmer un mouvement de balancier de l’intérieur vers l’extérieur et de l’extérieur vers l’intérieur.
Ce vide. Une ponctuation. Un silence. Une respiration.