Je me suis faite crucifiée.
Ce terme peut sembler disproportionné, démesuré et pourtant c'est bien ainsi que je l'ai ressentie.
J'ai senti le sol se dérober sous mes pieds, comme une grande claque prise de plein fouet qui m'a mise chaos. J'étais anéantie. Comment tout cela était-il possible ?
La confiance que j'avais donnée a été trahie, bafouée.
Quelle désillusion ! Cela fait très mal.
Quand bien même, j'ai encore appris sur moi….et sur les autres.
Je sais désormais combien la confiance aveugle que je peux donner peut-être dangereuse et qu'elle ne me dispense pas de me protéger, de protéger mes projets et de les sécuriser. Bien au contraire.
Je ne vous aurai sans doute pas raconté tout cela si je n'étais pas tombée sur le passage de ce beau roman philosophique, "Train de nuit pour Lisbonne" de Pascal Mercier ; que je viens de lire et qui fait écho à l'expérience douloureuse que je traverse.
BALSAMO DO DESILUSAO. LE BAUME DE LA DESILLUSION.
La désillusion passe pour un mal. Préjugé irréfléchi. Par quel moyen, sinon grâce à la désillusion, découvririons-nous, ce que nous avons attendu et espéré ?
Et en quoi, sinon dans cette découverte, résiderait la connaissance de soi ?
Nous ne devrions pas subir les désillusions en soupirant, comme si notre vie pouvait être meilleure sans elles. Nous devrions les rechercher, les suivre à la trace, les collectionner.
Pourquoi suis-je déçu si les comédiens adorés de ma jeunesse portent maintenant tous les signes de la vieillesse et du déclin ? Que m'enseigne-t-elle, la déception, sur le peu de valeur du succès ?
Plus d'un a besoin de toute une vie pour s'avouer que ses parents l'ont déçu. Qu'avons-nous donc attendu d'eux en réalité ? Des gens qui doivent passer leur vie sous l'impitoyable domination de la douleur sont souvent déçus par le comportement des autres, même ceux qui restent fidèlement auprès d'eux et leur font absorber leurs médicaments. C'est trop peu, ce qu'ils disent et font, et trop peu aussi, ce qu'ils sentent." Qu'attendent-ils donc ?" demandé-je. Ils ne peuvent le dire et sont consternés d'avoir nourri en eux pendant des années une attente qui pouvait être déçue sans qu'ils en sachent davantage sur elle.
Celui qui voudrait vraiment savoir qui il est devrait être un infatigable et fanatique collectionneur de désillusions, et la recherche d'expériences décevantes devraient être pour lui une obsession, l'obsession déterminante de sa vie, car il verrait alors en pleine lumière qu'elle n'est pas un poison brûlant et destructeur, la désillusion, mais un baume frais, apaisant, qui nous ouvre les yeux sur les vrais contours de nous-mêmes.
Et il ne devrait pas seulement s'intéresser aux déceptions qui concernent les autres ou les circonstances. Quand on a découvert que la déception est un fil conducteur qui mène jusqu'à soi-même, on sera curieux d'expérimenter à quel point on peut se décevoir : à cause du courage qui manque et de la sincérité qui fait défaut, par exemple, des limites terriblement étroites imposées à ce que l'on sent, fait et dit.
Qu'était-ce donc, ce que nous avions attendu et espéré de nous ? D'être sans limites ou tout autre que nous sommes ?
On pourrait avoir l'espoir de devenir plus réel en diminuant, ses attentes, en se rétrécissant jusqu'à n'être plus qu'un dur noyau fiable et ainsi immunisé contre la douleur de la déception.
Mais que serait une vie qui s'interdirait toute attente de grande portée, immodeste, une vie où il n'y aurait plus que des expériences banales comme l'arrivée de l'autobus ?
Et pour autant, cela ne me donne pas très envie de continuer à rechercher ce type d'expérience, effectivement intéressante et enseignante…. à petite dose…cela me va bien:)
Comment surmontez-vous vos désillusions ?